Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures et autres passions...
Publicité
29 juillet 2016

Springsteen - Live in Bercy

Bruce Springsteen en concert à Paris, le 11 juillet 2016

 Springsteen en concert à Paris Bercy pour 3h40 de folie interrompues par 5 mn de coupure de cpurant mais qui n'a pas empêché le Boss de ppoursuivre son show... Un de smeilleurs concerts du Boss jamais vu. une version éblpouissante de "Point Blank", une reprise de "Shout" qui n'en finissait pas...

Merci Bruce de nous donner autant de plaisir!

La set-list

Start - 19:48

1. Incident On 57th Street (Solo Piano)
2. REASON TO BELIEVE
3. Badlands
4. INTO THE FIRE
5. The Ties That Bind
6. Sherry Darling
7. Jackson Cage
8. Two Hearts
9. Independence Day
10. Hungry Heart
11. Out In The Street
12. Crush On You
13. You Can Look (But You Better Not Touch)
14. Death To My Hometown
15. NEBRASKA
16. The River
17. Point Blank
18. Cadillac Ranch
19. I'm A Rocker
20. Darlington County
21. Tougher Than The Rest
22. Drive All Night
23. Because The Night
24. The Rising
25. Land Of Hopes And Dreams

26. Jungleland. Fucking Hell. 
27. BTR.
28. Ramrod
29. Dancing
30. 10th Ave.
31. Shout
32. Bobby Jean
33. Thunder Road

La vidéo complète du concert

 

Article dans Télérama

Ce lundi 11 juillet, le puissant concert de Bruce Springsteen a été perturbé par le déclenchement d'une alarme incendie. Mais le Boss et son fidèle E-Street Band ne se sont pas démontés… et le show a duré presque quatre heures.

Il était aux alentours de 22h35 ce 11 juillet. Bruce Springsteen et son fidèle E-Street Band jouaient déjà depuis près de trois heures. Un concert puissant, comme toujours, avec quelques moments de grâce : Incident on 57th street avec le Boss seul au piano en ouverture, Badlandsdès le troisème morceau, Two hearts en duo avec l'ami de toujours Little Steven, et surtout une version belle à pleurer dePoint blank.

Avant le concert, des rumeurs circulaient selon lesquelles le chanteur n'interpréterait finalement pas tant de titres de son double album The River (1980) lors de cette partie européenne de sa tournée mondiale, pourtant baptisée The River Tour. Les set lists des shows récents de Barcelone ou de Milan tendaient à confirmer les dires. Mais il y aurait eu des plaintes sur les réseaux sociaux et, à Paris, Springsteen et sa bande se sont fendus de quinze des vingt titres dudit album.

Il était donc aux alentours de 22h35 ce 11 juillet. Les lumières de l'AccorHotels Arena, à Paris, avaient été rallumées pour les rappels. Le E-Street Band, augmenté de deux guitaristes (l'ami americano-parisien Elliott Murphy, présent à chaque passage du groupe à Paris, et son fils Gaspard), venait d'achever une version tonitruante de Born to run, et attaquaitRamrod, quand soudain le son s'est tu, les projecteurs de la scène se sont éteints et les écrans vidéo sont devenus noirs. Il en fallait plus pour déstabiliser le groupe qui, bon an mal an, continuait à suivre la batterie de Max Weinberg et le saxophone de Jake Clemens, seuls instruments dont on distingue encore le son des gradins.

« Suite à un incident technique, veuillez évacuer la salle en rejoignant les sorties de secours les plus proches » : le message qui s'échappe des haut-parleurs de la salle est quasiment inaudible, au point qu'on se demande, dans un premier temps, si, avec le petit gimmick sonore qui l'accompagne, il ne fait pas partie du show. D'autant que le Boss et sa troupe fendent la foule, instruments en bandoullière. Le public est si chaud qu'aucun mouvement de panique n'est à signaler. Quelques centaines de spectateurs évacuent toutefois l'arène, avant d'y retourner, une fois le son revenu.

Car il est revenu au bout d'une vingtaine de minutes, mais sans les lumières. Malin, Springsteen ne pouvait redémarrer autrement qu'avec Dancing in the dark, avant d'enflammer ses fans avec Shout, standard soul des Isley Brothers, repris en chœur par la foule, bras en l'air. « On n'arrête pas le E-Street Band », lance-t-il à son public. Après 3h45 de show, il a quand même fallu stopper les festivités. Le Boss tirera finalement sa révérence sur un Thunder Road seul à la guitare, tel un boxeur en fin de combat, avec serviette à son surnom posée sur ses épaules par Little Steven. Un dernier mot : « Merci d'avoir été patients. »  A voir les visages réjouis, l'incident n'a pas l'air d'avoir gêné grand monde. 

Ce mardi matin, on recevait un mail de l'équipe de l'AccorHotels Arena, priant l'artiste et ses fans de l'excuser pour les problèmes techniques d'hier soir et précisant qu'elle prenait toutes les mesures pour qu'ils ne se reproduisent pas demain, à l'occasion du second concert du groupe. Et l'on apprenait, auprès du producteur, que cette coupure avait été provoquée par une personne ayant déclenché… l'alarme incendie. Sûr, Bruce Springsteen aurait su ça, il aurait chanté Fire…

Article dans le Huff post

Bruce Springsteen fait (littéralement) péter les plombs à Bercy en plein concert

La coupure de courant de 15 minutes n'a pas vraiment perturbé le "Boss". L'inoxydable Bruce Springsteen a fait son show pendant près de quatre heures, lundi 11 juillet à Paris, malgré l'interruption de son concert à la suite de problèmes techniques.

C'est au terme de la troisième heure du show, alors que le chanteur et ses neuf acolytes du E Street Band se lancent dans le morceau "Ramrod" que l'électricité rend l'âme sur scène, rendant provisoirement muets guitares, basses et claviers et neutralisant les jeux de lumières, comme on peut le voir dans la vidéo en tête d'article.

Pas de quoi perturber ces vieux routiers du rock'n'roll: pendant que des techniciens s'activent en coulisses, Springsteen se met à signer quelques autographes puis attrape un panneau brandi par une fan pour écrire au dos "5 minutes" et ainsi faire patienter le public. Et comme promis, le son revient et Springsteen peut remettre la machine en route, prolongeant le plaisir pendant encore près d'une heure, sans jeux de lumière mais avec une énergie décuplée.

Cet incident n'aura finalement rendu que plus épique un concert déjà décoiffant, porté par la bonne humeur permanente du "Boss", multipliant les passages dans le public, prenant une fan dans ses bras, puis esquissant quelques pas de danse avec une autre en bord de scène avant d'en convier une troisième à ses côtés sur scène en lui confiant au passage l'une de ses guitares.

Succès garantis auprès des quelque 18.000 fans présents à Bercy, tous debout les bras en l'air du premier rang jusqu'aux sièges les plus éloignés, sous le toit. "Quelle soirée surprenante, mais quelle belle soirée...", a lâché Springsteen, 66 ans, couvert de sueur, à la fin du premier de ses deux concerts parisiens à Bercy. "Merci d'avoir été patients..."

L'avis de baptiste Roger

L’Amérique great again

11 juillet 2016

Le récit de près de quatre heures électrisantes de concert de Bruce Springsteen. Baptiste Rossi était à la première date à Paris de “The River Tour » où toutes les chansons du mythique album The river ont été exécutées.

Il arrive sur scène comme on rentre en sifflotant dans son garage, concentré bien sûr, professionnel, c’est peu de le dire, mais d’une certaine façon, ce n’est pas un concert. Bruce Springsteen ne joue pas pour son public, il joue pour ses amis. Face à lui, ce lundi de juillet, la houle vibrante, cette marée constellée que le noir a installée dans les fosses et les gradins de Bercy, tout cela converge, centrifuge, de telle sorte qu’une arène sombre et mauve, scintillante et transpirante, déferlante et immense, tout cela ne compose plus qu’un minuscule théâtre de visages autour du Boss. Dans cette antre énorme, au nom et au plastique si glauque, il n’est pas tard, 19h30, il n’y a pas de première partie et, de fait, il n’y a plus de gradins, plus de fosses, plus d’arènes, il n’y a plus que lui et vous, qui semble jouer à portée de main. Il est une idole, légende n’est pour une fois pas usurpée, et il s’adresse à la foule comme à un petit frère, une petite soeur, qu’on a pas revu depuis longtemps, qu’on connait depuis toujours. Springsteen sourit, et tout le monde sourit instantanément. Cet homme ferait d’un crématorium le plus intimiste et chaleureux des endroits. Il est à deux, quatre cent mètres, et on a l’impression qu’il va vous taper dans le dos. Rien n’a changé depuis ses premiers concerts dans les bars, on l’imagine par cliché, enfumés et mélancoliques, à Freehold, New Jersey. Parce que Springsteen n’a pas changé, parce que sa musique, par grâce, n’a pas vieilli. Lui semble aussi jeune qu’elle, il l’hurle, l’enroule, la déploie avec la même force qu’en 79, en 83. Tous les concerts de Springsteen sont une transe, presque cinématographique, où surgissent soudain des volutes de cigarettes, des vies gouailleuses sur les quais, des amours perdues, des ouvriers, des scieries, des revolvers, des forêts. Comme un film qu’on revoit, revoit, revoit. Dancing in the Dark est toujours magique, Springsteen a cette même façon de promener sa guitare, parfois dans son dos, comme l’appendice d’un dragon, parfois pointée en l’air, comme une winchester, toujours ce semblable regard, amusé et profond, humble et serein. Tous les concerts de Springsteen sont une transe, mais ce soir là, c’était le plus beau concert du monde.

Il est sur scène et, avec élégance, met toujours en valeur ses partenaires, dans une ambiance qui est potache, appliquée, libérée. On ne ressent jamais mieux ce sentiment de liberté – les grands espaces, les hautes espérances, la liberté et ses envers déçus – la liberté de la constitution, des capitoles, des grands poètes et des archanges noirs, cette liberté idéale et désappointée de l’Amérique, on ne la ressent jamais mieux qu’avec une chanson de Springsteen, et lui semble en être la pointe, la sublimation parfaite. Autour de lui, ses amis du E-Street Band, dont l’impayable Steve Van Zandt, passé à la postérité pour son rôle audiardesque dans la série Les Sopranos, et qui joue ce soir déguisé en corsaire, avec d’improbables breloques d’esmeralda pendues aux lobes d’oreille. Il y a aussi un jeune saxophoniste qu’il met en lumière, des pianistes fatigués et étincelants qui ont l’air sortis d’un Howard Hawks, et puis sa femme, Patti Scialfa, avec qui il reprendra « Because the night belongs to us », le nom qu’aurait dû porter cette soirée, le nom que devraient porter tous les groupes de rock and roll.

Et puis, il y a lui, Springsteen, sempiternellement habillé comme un jeune premier d’Un tramway nommé désir, les épaules saillantes, le foulard renforçant une stature d’Apache, le visage est plus marqué, mais il ne fait pas son âge. Springsteen, c’est ce concentré d’Amérique, ce calice où se mélange soudain toute la manifeste destinée, ou, du moins, la façon dont on la rêve. C’est, pour reprendre des mots célèbres de Norman Mailer, en parlant de Bobby Kennedy en 1968, qui disait que « ce candidat a une patine de l’autre vie, la deuxième vie américaine, la longue nuit électrique des feux au néon qui conduisent le long de l’autoroute vers le murmure du jazz ». Cette deuxième vie américaine, c’est, non plus celle du jazz, dix ans après Mailer, c’est celle du rock, mais qu’importe, elles sont semblables. Springsteen, avec la lumière orange et tintinnabulante de « Hungry Heart », avec l’indigo somptueux de « Dancing in the Dark », avec la candeur cruelle de « Point Blank », tous ces tubes que reprend cette tournée hommage à l’album « The River », paru il y a trente-cinq ans, la chanson The River elle-même avec ce désespoir bourru si proche de Faulkner, tout cela compose ce visage incessant et jamais éteint de l’Amérique imaginaire. Parce que Springsteen condense tout. Avec sa morale des gens simples, sa franchise honnête, son lyrisme viril, et en même temps, ce grain de folie et de fêlure, c’est Marlon Brando qui lirait du Verlaine. Du Fitzgerald, vociféré. Oui, Springsteen est tout, il est presque un mythe, au sens où s’il ne vieillit pas, c’est peut-être que son corps royal est distinct de son corps humain, il est l’incarnation d’un esprit, d’une chanson qu’entonnent partout et à chaque époque des héros et des fantômes. C’est Tony Soprano et Bernie Sanders. C’est les muscles de Jake La Motta revu par Scorsese, et dans le même mouvement, le temps de l’innocence des premiers tubes d’Elvis. C’est un univers de mafieux au service des pauvres honnêtes gens de Rockwell. C’est la gouaille et la pureté, de la mélancolie et de la révolte, toujours sur la même note. C’est le baladin à l’harmonica et les juke-box rutilants. La grande nature verte et bleue, traversée par les ombres d’une ville sinistrée. L’idéalisme collectif et l’individu brisé. Springsteen n’est pas un chanteur, il n’est que le ventriloque, tout en rugissements ou en brisures vocales, d’un souffle d’air, qui souffle sur le cinéma, la littérature, la politique, et qu’on rattache peut-être par cliché, certainement par songerie, à l’Amérique, qui lui est propre, le souffle, l’émotion, l’intelligence brute des sentiments, à un degré d’intensité approchant la combustion.

Springsteen vient du New-Jersey, ce territoire à mi-chemin des gratte-ciels et des grands érables, comme l’autre grand, unique, crooner, formant un duo jadis réuni mais ne se comprenant guère, les deux inspirant dès le premier son cette universalité mêlée de douleurs et de grandeurs, de rêves et de nuits tendres, de virilités trop clinquantes pour être intactes. Springsteen et Sinatra sont les deux jumeaux de cette sensibilité, le Boss contre le Prince, le porte-parole des vies taciturnes contre l’ami des puissants et des sans-coeur. L’amitié, l’amour déçu, une ondulation soyeuse pour l’un rugueuse pour l’autre dans la vocalise élégiaque, cela les rapproche, on les a toujours rapprochés. Mais Sinatra est trop roublard, tricheur, hautain, il se voyait comme un chef d’Etat, il l’était presque à la fin de sa carrière, toujours sauvé de ses malices par son désespoir roucoulé si majestueusement. Springsteen est humble et à hauteur d’homme, il n’est pas de l’époque d’Hollywood, des cigares et des chapeaux mous, il est plus moderne, plus failli, plus iconique parce qu’avouant sa condition et ne cherchant pas à se draper dans ses exploits, ses légendes. Springsteen est une légende immédiate, concrète, un mythe suant et tactile, combien de fois, l’autre soir à Bercy, a-t-il fait le tour de la fosse ? Combien de fois a-t-il pris dans ses mains et ses bras ses fans, combien de fois s’est-il marré avec eux, combien de fois a-t-il joué pour eux, avec eux ?

On en était là, de cette expérience unique d’un concert de Springsteen, où toutes les chansons de The River, exécutées avec fraîcheur et perfection, vous ballotent du désespoir insinué à la gloire tonitruante. Quand soudain, vers 22h30, après trois heures de concert, toutes les lumières de Bercy se sont éteintes. Un moment d’hésitation, mais c’est bien une panne. On était prêt à partir. Springsteen avait déjà été magique, si magique. Mais non, le Boss a pris les choses en main. Il a dit à tout le monde de rester, et tout le monde a chanté a cappella. Il a fait le chiffre cinq avec ses cinq doigts, pour dire que cela ne durerait pas si longtemps. Et puis, toujours souriant, prenant l’occasion de cette pause pour embrasser, saluer, nourrir d’amour ce fauve multiple à ses pieds, la foule, il a repris aussitôt son concert. Il n’est pas parti, après trois heures. Pas bu une bouteille d’eau, un café, du bon temps dans sa loge. Il est resté là, détendu et gamin, avec ses amis, qui étaient dix mille ce soir-là. Et, au bout de cinq minutes, comme il l’avait annoncé, il a repris son concert, juste là où il s’était arrêté, à la note près. Il semblait plus en forme que jamais, comme si les cent quatre vingt premières minutes n’avaient été qu’un vague échauffement, un tour pour voir. Alors, il a fait hurler les dix mille spectateurs sur Shout, une reprise des Isley Brothers, une chanson qui semble s’arrêter, qu’on claque entre ses mains, bras levés, exténués, rafraîchis et baptisés par cette jouvence en tricot de corps qui s’appelle Springsteen, cette chanson qui dure en fait des dizaines de minutes, et que le Boss continuait, comme un enfant, comme un enfant si heureux d’être avec tous ces gens là. Il était toujours sur scène, une heure après, allant d’amis en amis, se marrant avec son vieux Steve, hissant jusqu’à lui une jeune admiratrice avec qui il dansait in the dark, toujours cette éternité illuminée des guitares, des saxos, de la voix rauque et presque adolescente. Il a fini, seul, en acoustique et en nage, comme tout le monde, au bout de quatre heures d’un show qui était, ce soir-là, le plus beau du monde. « What a crazy night », a-t-il conclu, presque à regret. Springsteen, au fond, mérite bien son nom. Comme le printemps, il revient toujours plus neuf. Comme l’adolescence, il est toujours révolté et lyrique, potache et sérieux, grave et épuisé, épuisant. Dans ses veines coule un sang qui n’a pas d’âge.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité