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9 avril 2019

Lorenzaccio - Pietragalla

Le retour de Marie-Claude Pietragalla dans un spectacle surprenant mi-théâtre mi-danse avec son compagnon Julien Derouault qui incarne le personnage central de cette pièce d'Alfred de Musset.

L’image contient peut-être : 1 personne, sur scène et texte

 

Mon avis:

Surprenant ce spectacle où se mêle le théâtre et la danse et qui en a déconcerté plus d'un. 

 

Critique:

Lorenzaccio d’Alfred de Musset,

mise en scène de Marie-Claude Pietragalla, Daniel Mesguich et Julien Derouault

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Dans   Florence à la Renaissance…  un mauvais lieu, le jeune Lorenzo, poète, curieux des sciences, rêvant de République, se fait bouffon tapageur auprès de son cousin le Duc.

Faux pleutre, amuseur public, méprisé sous le surnom de Lorenzaccio, il donne à chacun ce qu’il attend. Il s’encanaille, faisant éclater le vide des valeurs d’ “honneur“, de vengeance, flacon ignoble, dit-il, renfermant une liqueur précieuse…

Autour de lui, il n’y a guère que les femmes pour accorder une importance à l’amour, au sentiment vrai et sincère. Mais la corruption est trop efficace… Alfred de Musset l’a bien compris: on ne peut pas jouer au méchant sans se salir les mains, ni se salir les mains, sans toucher au fond de son âme.

Lorenzo osera ce à quoi prétendaient les Républicains, avec, à leur tête, les Strozzi : tuer le tyran. En l’attirant dans un piège, il prend le risque de mettre en jeu la vie de sa propre sœur, pure jeune fille, et de désespérer leur mère. Et tout cela pour rien : dans une vision romantique, aristocratique, Alfred de Musset n’attend rien d’un peuple réclamant aussitôt un nouveau tyran, qu’inertie et lâcheté.

On suit l’affaire de bout en bout : cette mise en scène nous livre la fable du drame avec une parfaite clarté. Les danseurs-acteurs et les acteurs-danseurs tiennent le pari d’une gestuelle forte, et d’une bonne diction. Virtuoses, ils servent le texte sur tous les tons : le grotesque, le tragique, le sentimental aussi, et avec une véritable générosité. Mention spéciale à  Julien Derouault dans le rôle-titre, danseur parfait, comédien sans peur et sans reproche, avec ce qu’il faut de malice, de sincérité, et d’énergie sans faille. Chapeau!

Mais le texte ne sert pas aussi bien Marie-Claude Pietragalla, dans le rôle de la marquise Cibo, tiraillée entre l’orgueil, la crainte et la tentation décevante de l’adultère. Splendide danseuse-inutile de le redire-malgré un costume peu convaincant, jupon de tulle blanc et frac noir.

L’emballage de ce Lorenzaccio? Plus discutable : l’orgie initiale, sur fond de lumières rouges avec accessoires empruntés aux cabarets sado-maso de Pigalle, masques et lanières, même bien dansée, reste conventionnelle.  Le travail de vidéo et de lumières de Gaël Perrin fait souvent pléonasme avec les scènes jouées et dansées, sans éclairer la situation ni le lieu : nuit , jour, palais, rue ?

Quelques belles trouvailles: silhouettes aux fenêtres, candélabres dans les niches de la façade, ne compensent pas lourdeurs et répétition des effets. D’autant que la vidéo “bave“ parfois ! Même critique pour la musique trop présente, piège facile à émotions.

Ce Lorenzaccio a pour ambition d’être un grand spectacle. Il aurait pu l’être avec, au départ, une vraie réflexion dramaturgique sur la lumière et la musique. Mais la chorégraphie des intermèdes purement dansés reste assez pauvre, et on pouvait espérer mieux. Et ce mieux, on l’a quand même sur un point : cette ébauche d’un «théâtre du corps » fonctionne. Les corps reçoivent les mots et les transforment, sans artifice et avec de vraies trouvailles poétiques (le fantôme de Louise Strozzi sur le dos de son père…). C’est en effet une bonne piste, beaucoup plus intéressante, avec la présence à part égale, d’un texte fort et d’un ballet narratif :  le pari de Marie-Claude Pietragalla et de Julien Derouault, avec Daniel Mesguich est réussi. Mais dommage, on en reste à une esthétique de mauvaise comédie musicale…

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