Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures et autres passions...
Publicité
10 novembre 2019

J'accuse Roman Polanski

J'accuse 

réalisateur: Roman Polanski

J'accuse affiche

acteurs:

Jean Dujardin , Louis Garrel , Emmanuelle Seigner

mon avis: unfilm qui résume bien l'affaire Dreyfus,  du nom de cet officier juif accusé à tort et réhabilité grâce aux actions conjuguées du colonel Picquart et de l'écrivain Emile zola avec cette fameuse lettre ouverte "J'accuse";

critique du film sur "Ecran large":

J’accuse : critique d'une injustice

Au coeur d'une polémique, Roman Polanski n'a pas présenté lui-même son nouveau film J’accuse porté par Jean Dujardin sur le Lido de Venise. Malgré tout, après son dernier film, le très raté D'après une histoire vraie humilié à Cannes en 2017, le cinéaste franco-polonais retrouve-t-il sa maestria d'antan avec J’accuse ?

Photo Jean Dujardin, Louis Garrel
D'APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE

Même à qui n'a suivi que légèrement ses cours d'histoire plus jeune, Alfred Dreyfus est un nom qui évoque quelque chose. L'affaire qui lui colle à la peau est considérée comme l'une des plus grandes erreurs judiciaires de l'Histoire française (voire complot). Cependant, c'est sans doute la lettre ouverte d'Emile Zola publiée dans le journal L'Aurore - et au titre cinglant : J'accuse... ! - à propos de cette injustice qui est restée dans les mémoires. Pas étonnant donc que le nouveau long-métrage de Roman Polanski en reprenne l'intitulé dans son titre : J’accuse.

Pour autant, s'il est basé sur ce fait réel et adapté du bouquin D. du Britannique Robert Harris (co-scénariste du film), J’accuse s'attarde peu sur l'article dénonciateur du célèbre écrivain. Au contraire, le film se concentre essentiellement sur la quête de vérité du colonel Picquart, ancien professeur de Dreyfus devenu lieutenant-colonel et chef du service de renseignement militaire, lorsqu'il découvre qu'Alfred Dreyfus a été condamné à tort. De quoi lancer un récit aux multiples ressorts et manipulations.

 

photoJ'accuse... ! de Zola comme une évidence

LE BAL DES MENTEURS

Le cinéaste franco-polonais n'a plus tout le talent qu'il détenait dans les années 60-70 lors de la sortie de ses chefs-d'oeuvre de Rosemary's Baby au Locataire, mais il n'en garde pas moins une vraie intelligence de la narration.

Ainsi, l'ouverture de J’accuse impressionne par son cadre imposant et oppressant. L'instauration de l'intrigue - qui se met en place avec la dégradation militaire d'Alfred Dreyfus (incarné par un Louis Garrel austère) - est remarquable, extrêmement méticuleuse et procure une force immédiate au récit.

Loin de faire de son film une simple reconstitution historique, Polanski le transforme rapidement en thriller d'espionnage où Picquart joue au Sherlock Holmes. Une idée judicieuse qui redonne un véritable intérêt aux enjeux politiques, judiciaires et militaires derrière l'Affaire tout en lui conférant une avancée ludique et divertissante tout autant qu'instructive. Le film se veut alors une quête de vérité, de dignité et de justice au coeur d'un système perverti et manipulé par le mensonge et les préjugés, dans une première heure robuste.

 

photoUne séquence d'ouverture marquante

Malheureusement, si les intentions de J’accuse sont louables et les choix narratifs propices à un enfièvrement progressif, le film ne décolle jamais vraiment. Jean Dujardin a beau livrer une prestation remarquable dans la peau du Colonel Picquart, les multiples trouvailles de cet homme d'honneur prêt à beaucoup de sacrifices pour prouver l'innocence de Dreyfus, se suivent, se ressemblent et finissent par tourner en rond.

L'enquête bat son plein et pourtant, J’accuse s'enlise dans un rythme neurasthénique voire totalement apathique, le récit donnant corps uniquement aux enjeux politiques et rarement à ceux humains. Nul doute que J’accuse aurait d'ailleurs pu devenir un grand film sur les défauts de la Justice tant il est le plus maitrisé et solide du réalisateur depuis The Ghost Writer en 2010, et ce malgré quelques incrustations numériques inabouties.

 

Photo Jean DujardinJean Dujardin impeccable

 RÉPULSANT

Pour cela, il aurait cependant fallu que Polanski veuille vraiment parler de l'affaire Dreyfus dans son film. Au visionnage, difficile en effet de ne pas voir Polanski mettre en parallèle sa propre histoire avec celle du militaire français. Dans le dossier de presse du film, le cinéaste l'a d'ailleurs avoué pleinement : "Je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l'oeuvre dans ce film et cela m'a évidemment inspiré".

Là est pourtant une immense erreur du réalisateur de penser pouvoir se comparer à la persécution dont a été victime Alfred Dreyfus. À leur grande différence, ce dernier a toujours été pleinement innocent au contraire du metteur en scène qui s'est lui même reconnu coupable de viol sur mineur, en avouant lors de son procès en 1977 avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille de 13 ans.

Une comparaison dérangeante de la part du cinéaste de 86 ans donc qui est sans doute la raison principale de la puissance dégressive de J’accuse. À défaut de narrer jusqu'au bout avec passion l'histoire de son personnage, le cinéaste a voulu y greffer la sienne empêchant à l'ensemble de se dévoiler pleinement et d'impliquer le spectateur émotionnellement. Dommage.

 

Photo Jean Dujardin

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité