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13 novembre 2013

Cartel / Ridley Scott

Affiche Cartel

film de Rydley Scott

scénario: Cormac Mc Corny

acteurs:  Michael Fassbender, Penélope Cruz, Javier Bardem, Brad Pitt

Cartel Chanson - Cartel Musique - Cartel Bande originale - Cartel Musique du film

Mon avis: De bons acteurs, de belles images, une histoire qui tient la route, des dialogues où il faut s'accorcher pour suivre (surtout en VO), de belles scènes. En résumé peut-être pas un grand film mais un film agréable à regarder.

La bande annonce:

la critique de Libération:

«Cartel», Coke en Scott

En 2007, l’écrivain Cormac McCarthy reçoit le prix Pulitzer pour son roman postapocalyptique la Route (qui se vend à plus 2,5 millions d’exemplaires) et, la même année, l’adaptation par les frères Coen de son No Country for Old Men (publié en 2005) reçoit un accueil dithyrambique et est récompensée de quatre oscars (meilleur film, meilleur réalisateur…).

Six ans plus tard, alors que le grand prosateur a eu 80 ans en juillet, il se prend une sacrée douche froide critique pour la sortie de The Counselor (Cartel en VF), son premier script original porté à l’écran par Ridley Scott. «Tout le monde ici est prisonnier du maladroit maître de marionnettes McCarthy» (The Times) ; «McCarthy n’a de toute évidence aucune idée de comment une histoire et un suspense fonctionnent à l’écran, et il consacre tous ses efforts à élaborer des dialogues d’un baroque impénétrable proférés par des stéréotypes à peine esquissés» (Variety) ; et le journaliste du site Salon.com se déchaîne contre ce qu’il considère comme «le plus mauvais film de l’histoire universelle».

Anomalie. On ne va pas faire mine de découvrir aujourd’hui que Ridley Scott a ses meilleurs films derrière lui et que McCarthy n’a jamais plus publié un aussi grand roman que son Méridien de sang datant de 1985. Leur collaboration haut de gamme sent le coup de production dealé un soir de rinçage gingival au cognac dans le fumoir parfumé du Chateau Marmont à Los Angeles. Le résultat tient de l’anomalie. Le personnage principal est un avocat propre sur lui, un peu arrogant (Michael Fassbender) qui, guidé par un besoin irrépressible de toujours plus d’argent (il roule en Bentley, achète des diamants à sa dulcinée, Jennifer Lopez), se mouille dans un gros convoyage de cocaïne. La poudre, cachée à l’intérieur de tonneaux dans un camion d’épuration rempli de merde, finit par être détournée par une bande rivale, et l’avocat, Gros-Jean comme devant, va entamer une descente aux enfers. On aurait du mal à décrire précisément les rouages de cette machination, les ficelles étant tirées en coulisse par la vipère Malkina (Cameron Diaz), compagne de Reiner (Javier Bardem), crapule huileuse et dépassée par la situation.

© 20th Century Fox

Penthouses. On ne déteste pas du tout le film, même s’il est terriblement bavard, ampoulé et comme badigeonné d’imagerie publicitaire presque parodique à force d’outrance parvenue et bling-bling. Le papier glacé de chaque plan se pose sur l’ordure du récit comme une brillante pellicule de cellophane chic.

Mais l’odeur épouvantable continue de se répandre partout. Que l’on passe de salons trop décorés dans des penthouses en marbre ou dans les grands restaurants stylés à la lumière artistiquement basse, les puissances d’argent et les professionnels du crime sont constamment au contact, échangeant bons procédés et coups tordus avec, de l’un à l’autre, une même science experte du nécessaire sacrifice humain.

Cartel de Ridley Scott avec Michael Fassbender, Penélope Cruz, Javier Bardem, Brad Pitt

La critique du Nouvel Observateur:

Donc, Michael Fassbender est un avocat véreux. Il joue dans un film intitulé "Cartel", alors, évidemment, il aurait dû se méfier. Mais non, il ne se méfie pas. Il entre en business avec des truands mexicains, juste après avoir joué avec sa fiancée, dans des draps blancs filmés en contre-jour, avec grain de la peau mille fois grossi. Puis Fassbender va voir Javier Bardem, coiffé comme un skater japonais (gel béton), lequel lui explique la vie : "Le drame, c’est ce qui fait l’âme même de l’homme. Au plus profond de notre essence, la civilisation est une non-entité qui… " Personne ne s’étonne que Bardem parle en néo-conceptuel. Au Mexique, la novlangue, c’est normal. Même Finkielkraut aurait dû mal à suivre. Même moi, c’est dire. D’autant plus que Cameron Diaz fait le grand écart sur le pare-brise de la Ferrari Matamoro FX10 à quadruple arbre à came overdrivé sur mégatune, et se frotte la chouchoune sur la vitre tandis que Bardem regarde, médusé. "I fuck your car", dit Cameron Diaz. Elle fait pas ça sur une Twingo, la catin.

Là-dessus, Brad Pitt soulige que l’en-ça, au Mexique, est différent de l’en-soi, et en profite pour livrer deux tonnes de cocaïne pure. Fassbender est content. Puis tout se dévisse. Bardem meurt, au milieu de ses panthères apprivoisées (car il y a des panthères, symbole de la décadence des riches). On lui pique ses godasses. Brad Pitt se fait décapiter avec un fil à couper le beurre, parce qu’il a eu la faiblesse de se faire draguer à Londres par une grognasse blonde (même pas une affaire au lit). Et Ruben Bladès approfondit le message transcendental, au téléphone : "Les choses se sont mises en marche. Le destin, ainsi, rejoint l’out-there, tandis que la figure de Möbius se défait sous nos yeux, permettant à la substance d’être immanente". Même Lacan, il parlait pas comme ça. Du coup, Fassbender s’enferme dans une chambre d’hôtel pouilleuse et se bourre la gueule. C’est la fin de "Cartel". On s’est tapé deux heures et demie de dialogues de première année de philo, et des couchers de soleil Club Med. J’ai bien aimé la Ferrari.

Ridley Scott est tombé sur la tête, je ne vois pas d’autre explication. Ou il a fumé un Caram’bar. Il a confié le scénario à Cormac McCarthy, l’auteur de "No country for old men", sans doute le plus grand écrivain américain actuel. Sauf qu’un scénario et un livre, c’est pas pareil, personne lui a dit. Quand Sartre a essayé d’écrire un script pour John Huston (c’était "Freud"), il s’est tapé des poignées d’amphètes et a remis au cinéaste mille pages (on compte une page pour une minute de film). L’autre l’a remercié et l’a foutu à la poubelle. On imagine pas bien Spinoza écrivant le scénario de "Harry Potter versus les modes infinis immédiats". Remarquez, il y a un philosophe actuel qui fait des films : BHL a écrit, mis en scène et défendu "Le Jour et la nuit", nanar cosmique où Alain Delon s’envolait en mongolfière, après avoir discuté avec le beau-frère de Frigide Barjot, Karl Zéro. BHL s’est un peu raté, là. Comme quoi on peut être génial devant un chocolat chaud au Café de Flore et un tantinet floconneux derrière une caméra.

Je résume : Cormac McCarthy s’est lourdement mis le doigt dans l’out-there. Et Ridley Scott a transformé un petit polar mexicain en ganache moka-chantilly-fraise-valium sur fond de nouille au gratin. Je ne sais pas si je m’explique bien. Je précise : "Cartel" est le nanar le plus élégant de l’histoire du cinéma. Tout est hype. Tout est design. Tout est latino.

C’est le seul film qui vous donne envie d’être un essuie-glace.

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