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13 novembre 2013

Tel père, tel fils

 

Réalisé par :  Hirokazu Kore-Eda

Avec : Masaharu Fukuyama, Machiko Ono , Yoko MAKI ..

Mon avis: Comment une erreur à la maternité v abouleversé la vie de deux familles. Répare-t-on cette erreur 5 ans plus tard? Un film tout en sensibilité avec des personnages, deux familles totalement différentes qui apprendront à se cotoyer, à se comprendre pour arriver à une fin sans surprise. de beaux rôles pour les deux enfants tout à fait crédibles dan sleur interprétation.

La critique du Monde:

Il y a cinq ans,Hirokazu Kore-edaest devenu père. Ses deux derniers films, I Wish, nos vœux secrets et maintenant Tel père, tel fils, ont pour personnages centraux deux petits garçons, séparés et réunis. Le réalisateur japonais explique le choix de ses sujets par sa nouvelle condition, mais il n'a pas attendu la paternité pour se passionner pour l'enfance. Comment ne pas se souvenir des petits abandonnés du très doux et très terrible Nobody Knows, en 2004 ?

Ce qui a changé, c'est la sollicitude dont le réalisateur fait preuve à l'égard de ses personnages, les enfants, bien sûr, mais aussi les parents. Tel père, tel fils exhale une infinie douceur, qui a ravi les spectateurs de la projection de presse, sans doute éprouvés la veille par les assauts de violence d'Amat Escalante et Jia Zhangke. Cette douceur émane pourtant d'une situation d'une grande cruauté. Deux couples découvrent que leur petit garçon n'est pas le fruit de leurs entrailles : Keita Nonomiya, le fils d'un couple de bourgeois tokyoïtes, et Ryusei Saiki, qui a grandi dans une modeste famille de boutiquiers, ont été échangés à leur naissance, six ans avant le début de l'histoire. L'administration hospitalière les encourage à "régulariser" leur situation en procédant à l'échange des enfants.

Une scène du film japonais d'Hirokazu Kore-eda, "Soshite chichi ni naru" ("Tel père, tel fils" - "Like Father, Like Son").

OPPOSITIONS NETTES

De film en film, Kore-eda ne cesse d'aller vers plus de simplicité : les émotions qui agitent ses personnages sont élémentaires. Les parents sont bouleversés, les enfants sidérés, intrigués... Dès le début du film, le réalisateur met en place des oppositions très nettes. Entre le luxe froid de l'appartement des Nonomiya et le capharnaüm dans lequel vivent les Saiki ; entre le patriarcat qui régit la vie des riches (lorsque monsieur rentre après d'interminables journées de l'immense cabinet d'architecture dont il est une pièce maîtresse, il trouve un bain et un repas chauds) et le matriarcat bien compris des petites gens (la première fois qu'on voit M. Saiki, il porte le sac à main de son épouse) ; entre la nuit bleutée de Tokyo que Kore-eda filme sans se lasser et les espaces confinés de la banlieue.

Une scène du film japonais d'Hirokazu Kore-eda, "" ("Tel père, tel fils" - "Like Father, Like Son").

A ces espaces, à ces situations correspondent des sentiments distincts. Chacune à leur manière, les mères sont désespérées. Midori Nonomiya est rongée par la culpabilité – elle n'a pas su voir que l'enfant qu'elle élevait n'était pas le sien ; Yukari Saiki réagit plus violemment, tente de se battre pour garder le fils qu'elle a élevé. Petit artisan qui vivote en réparant des appareils électriques et en vendant des ampoules, Yudai Saiki semble d'abord prendre son parti de la situation, en rêvassant sur les éventuelles compensations financières, avant d'opposer sa foncière honnêteté à l'avidité de Ryota Nonomiya.

Avec délicatesse, Hirokazu fait couler son histoire jusqu'à ce qu'elle soit retenue par le barrage qu'élève l'égoïsme froid et rigide du jeune architecte. Et comme un cours d'eau en amont d'un barrage, cette histoire simple se fait de plus en plus profonde. C'est que les principes très élémentaires qui gouvernent la pensée et les actes de Ryota sont en parfaite contradiction avec la réalité. La découverte de la généalogie de l'enfant qu'il croyait être son fils valide enfin la déception sourde qu'il ressentait vis-à-vis de Keita. Si l'enfant de 6 ans n'est pas un travailleur acharné, animé du désir de l'emporter sur ses camarades, c'est qu'il n'est pas du même sang. Plus tard, on découvrira le père de Ryota, et l'on cernera mieux l'étrange pulsion paternelle du jeune homme.

Une scène du film japonais d'Hirokazu Kore-eda, "Soshite chichi ni naru" ("Tel père, tel fils" - "Like Father, Like Son").

Pour amener ses personnages jusqu'au bout de cette aventure dont d'autres ont fait une comédie satirique (La Vie est un long fleuve tranquille) ou un mélodrame (Le Fils de l'autre), Kore-eda emprunte le chemin de la poésie. Qu'il filme un marché couvert en béton qu'arpente une silhouette enfantine ou qu'il saisisse au vol une grimace ou un sourire, il le fait avec l'émerveillement inépuisable d'un primogéniteur. A ceci près qu'il est un grand cinéaste, et que, contrairement aux parents infernaux qui vous gavent de petits films de famille, Hirokazu Kore-eda sait faire de son portrait de famille(s) une image universelle.

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