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3 février 2016

Lille 3000 Renaissance;: Phnom Penh

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La capitale du Cambodge représente l’unique exemple à l’époque contemporaine d’une ville qui a été vidée autoritairement de ses habitants et qui est restée pendant presque quatre ans une ville quasiment abandonnée. Alors que 90 % des artistes et des intellectuels ont disparu entre 1975 et 1979, il est spectaculaire de trouver dans ce petit pays une telle concentration d’artistes de haut niveau.

On assiste aujourd’hui à la renaissance de la ville à travers l’urbanisation, le tourisme et l’art. Nous sommes en présence de trois générations : les survivants, ceux qui sont nés après le régime de Pol Pot au début des années 80 et les tout jeunes, plus politiques et radicaux. La puissance créatrice des artistes cambodgiens touche tous les domaines : vidéos, performances, photographies, sculpture…
Le renouveau artistique a commencé.

EXPOSITION PHNOM PENH À L’HOSPICE COMTESSE


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Il faudra attendre le milieu des années quatre-vingt-dix pour que la reconstruction redonne à la ville l’attrait qu’elle avait auparavant. Aujourd’hui, la ville vit unetransformation profonde et anarchique, sur fond despéculation immobilière et de corruption, dedéveloppement incontrôlé, de destruction du patrimoine architectural, d’édification de tours et debâtiments massifs. Si elle perd de son cachet et de son identité, si elle n’évite aucun des écueils connus dans les grandes villes asiatiques à la circulation infernale, Phnom Penh vit l’illusion d’avoir rejoint, à une vitesse sidérante, la « modernité ».

C’est dans ce contexte qu’une riche scène artistique est apparue, surprenante dans un aussi petit paysqui ne connaît aucun enseignement artistique digne de ce nom et qui reste très éloignée de ce qui se fait ailleurs dans le monde.

lille3000_renaissance_phnom_penh04

Qu’ils soient peintre, cinéaste, photographe, vidéaste, designer, sculpteur, graphiste, artiste de rue, tous ont en commun de questionner l’identité et de traduire leur réponse de façon pertinente. Une permanentetension entre tradition culturelle (dans le choix des matériaux, les références iconiques, les références aux formes traditionnelles) et incontestable inscription dans laréalité contemporaine  Si les trois grands artistes reconnus au niveau international (Sopheap Pich, Rithy Panh, Leang Seckon) sont présents, l’essentiel de l’exposition présente des artistes jamais ou rarement présentés hors du Cambodge et avec des travaux récents, dont certains inédits.

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Tous ensemble, ils posent la question de savoir comment l’on peut être cambodgien dans un pays qui, il y a à peine vingt ans, était entièrement détruit après quarante ans de conflit (ce fut le pays le plus bombardé durant la guerre dite du Vietnam avant de connaître le génocide khmer rouge et ses suites puisque les derniers des tenants de Pol Pot ne rendirent les armes que fin 1998)et comment l’on peut regarder vers l’avant alors que le pays s’emballe dans le consumérisme sous un régime autoritaire. Chacun à leur manière et tous ensemble ils jouent leur fonction d’artiste : poser les questions pertinentes à la société dans laquelle ils sont en train de créer. Ils alertent, à défaut d’avoir les réponses et ils le font dans une absolue sincérité qui marque la cohérence de leur pratique individuelle.

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